Le Rouge à Lèpre

Rares créatures les hystériques auxquels un saut à la pharmacie suffit pour trouver l'inspiration d'une critique de la Société. C'est à croire que j'en suis. Preuve, je m'étouffais tantôt à la vue de ceci :

Ultime acmé du Progrès, puérile acné  de la Science,  j'ai  nommée  le fleuron de la beauté moderne : le baume à lèvre BIOLEVRELIGHT.

Merveilleuse sodomie sémantique en trois temps, dialectique du rentre-dedans des lobotomiques femelles qui au dernier instant, après l'achat d'une pâte-à-se-tartiner la cellulite, craquent au comptoir pour ce jeux de mot brillant, que dis-je ? Cette incantation imparable pour un esprit impréparé.

Tout commence par "BIO". Registre de l'actif. En achetant je fais une bonne action, alors que le "Light", registre du passif, me dit qu'en achetant je ne fais pas une mauvaise action, non ce produit ne me fera pas grossir.
Je peux acheter BIOLEVRELIGHT, le premier rouge à lèvre qui ne fait pas grossier la Nature.

J'ajouterai que la publicité ne fait qu'utiliser la néantisation sémantique des deux mots en question et les réflexes pavloviens que la bonne consciences a érigé dans ces deux monuments que sont le BIO et le LIGHT.
Le BIO réponds à la culpabilité morale et le LIGHT à la culpabilité individuelle. Plus besoin d'aller à l'Eglise.
Le BIO c'est le Bien, le LIGHT c'est le Bon. Plus besoin de réflechir.

Le BIO et le LIGHT sont les deux mamelles de la culpabilité.

Et si je vous disais que tout, à notre époque est à la fois BIO et Light ?

Comments

[Norkhat]

ça ne vaut pas cette pub pour un soin au raisin
ou on voit une main approcher galamment une grappe du dos d'une donzelle

le massage aux raisins, franchement on a fait plus sexe !