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DIEU NE JOUE PAS AUX DÉS AVEC L'UNIVERS
25 avril 2008

Peut-on être la « Nouvelle Star » sans perdre son âme ?

Chers Lecteurs, chers amis, j’aimerais dédier cette courte chronique à tous ceux qui ne comprennent pas notre goût pour l’émission de M6. Les pauvres hères.

Autour de vous, je le sais, on s’étonne que, malgré votre culture, vous aimiez la « Nouvelle star academy » ! Souvent vous renoncez à tenter d’expliquer ce qui vous séduit, au point de vous demandez, vous-même, pourquoi vous la regardez. C’est vrai, pourquoi regarder une émission qui vous fait irrémédiablement passer pour un plouc ?

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Ouai, mais la Nouvelle Star, c’est « vachement artistique ».
En regardant le prime de ce mercredi 23 avril, j’ai pensé à l’Eloge du Maquillage de Charles Baudelaire. Ca y est, j’en vois dans le fond qui gloussent, des incrédules qui me disent que j’exagère. Baudelaire, oui, je persiste et je signe.
Baudelaire, vous savez ! L’auteur de l’invitation au Voyage. Ce dandy dont Jules Vallès racontait à qui voulait l’entendre que, pour se faire remarquer dans le grand monde, il s’était teint les cheveux en vert fluo. Invité dans des salons, il croquait dans des noix en susurrant aux oreilles des vieilles dames emperlousées :

« C’est comme croquer dans des cervelles d’enfants ».

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D'où ma question :

Comment être la « nouvelle », poser sur l’édifice de la personnalité la petite pierre de son caractère, et être une "star" ?

Faut-il nécessairement se teindre les cheveux en vert ? Avoir le crâne chevelu ? Se mettre une plume dans le... oreille ?
 
Peut-on être la « Nouvelle Star » sans perdre son âme ?



What You’re waiting for ? Gwen Stefani

Créer un déguisement, le devenir en dedans.
Lucille est un chat que n’aurait pas renié le poète aux cheveux verts. Étudiante en Art plastique, elle est de ces jeunes filles de tempérament créatif qui portent leurs doutes en bandoulière.
-    Où est Lucille ? Qui est Lucille ? se demande Philipe Manoeuvre.
-    Je suis pas triste, j’ai pas mis mes lentilles, réponds l’intéressé.
Savoir si ce déguisement que je porte, c’est moi… Lucille était inquiète, désarçonnée par sa prestation précédente, elle se demandait si son accoutrement lui correspondait vraiment. Quand elle a vu les quatre voyants bleus du jury, elle a fermé les yeux, éblouie de se voir enfin dans ce haut-reflet qu’elle s’est crée d’elle-même ! Regardez bien ces yeux, écarquillés et impénétrables, à la fois ouverts et fermés. Comme un chat.
Lucille crée un déguisement et le devient intimement.
Et quelle voix !

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Emmenez-moi - Aznavour

Ne jamais se déguiser. Partir en voyage.
Notre Cédric a toujours préféré sortir que rentrer. Vous ne trouvez pas ? Rappelez-vous de son visage avant de chanter, sombre animal captif dans les coulisses de « BaltarCatraz ». Et après ? D’un bond, il dévale l’escalier comme un gamin après ses devoirs qui ferme son cahier. Je me dis : ce n’est pas un hasard qu’il ait les yeux plissés.

En bon marin, il ne voit rien de près et voit bien mieux au loin.

N’avez-vous jamais remarqué qu’il rate systématiquement le début des chansons ? Ce problème de « mise en place » dont parle Sinclair, n’est que le symptôme de son envie d’en finir. Le début de la chanson, aussi, est une prison. Quel cri à la fin d’Aznavour ! Riez si vous voulez, j’utilise sans doute par trop la métaphore marine, mais je lui voyais presque sortir un goéland du bec !
Cédric a l’âme du voyage. Quand il chante, il n’est pas tout à fait là, déjà un peu parti, un peu absent.
La voix de Cédric est en 3 dimensions. Il repousse toujours plus loin un point de fuite qu'on image lointain.
C
’est beau un chanteur qui donne l’envie du voyage.

Kristov ou, vie et mort du docteur Frankenstar

Se déguiser et mentir.
C’est triste de voir le désir d’être une star prendre le pas sur toute forme d’art. J’ai le sentiment que ces trois candidats ne sont pas honnêtes : Kristov, Icare et Sian.  Même je ne me permettrais pas de l’affirmer.
Je me contenterai de vous soumettre mon impression sur Kristov, qui est, selon moi, quelqu’un de très gentil, mais qui, comme chacun sait, a pas mal de problèmes. Cela nuit-il à son talent ?

« Je me sens comme un enfant qui va avoir un enfant », dit Kristov.

Christophe est le docteur Frankestein, et Kristov est sa créature. N’avez-vous jamais ressenti cette impression d’avoir affaire à quelqu’un de totalement déguisé ? Un imitateur poly-traumatisé ? Je cite la bio qu’il a laissé sur Myspace :

Après avoir partagé l’affiche et la scène avec Mademoiselle K, Louis Bertignac, Saez, M, Jean- Louis Aubert et d’autres, frankensteinChristophe a vécu un début d’année 2007 pour le moins perturbant. Il a dû arrêter ses deux groupes de rock, car il n’était plus capable de tenir une guitare électrique, les ondes malsaines de ces bouts de ferraille lui procurant des électrochocs trop puissants pour sa santé mentale. Il a alors choisi de partir en exil forcé en Allemagne, logeant dans un hôtel crasseux à Berlin pour panser ses nombreuses blessures. Il jouait le soir et la nuit dans la rue, pour pouvoir payer son loyer et c’est là, au milieu des âmes blessées, des clochards et des touristes de passage qu’il a accouché de son double schyzophrénique : Kristov. Nourri par les Beatles, Bowie, Simon et Garfunkel, Radiohead ou Chris Bell, Kristov assume tout le côté acoustique et doux que Christophe avait rejeté pendant ses années d’errance et d’excès rock’n roll, quand il noyait son désespoir sous des couches de guitares bavardes et inutiles. Aujourd’hui les deux sont rentrés en France, et Christophe va veiller à ce que Kristov puisse chanter ses bleus à l’âme, ses joies et ses tempêtes en toute sincérité. Sans compromis.

Imaginez-le, dans l’obscurité de la nuit, lorsqu’il rentre chez lui, fatigué d’avoir joué la comédie de « Kristov » toute la journée. Je le vois plonger ses lunettes dans un liquide bleuâtre dont se dégage une sulfureuse odeur de foudre, et là, je prends la mesure de la terrible supercherie : sur le visage de Christophe, deux trous béants à la place du regard… Les yeux étaient peints sur le verre des lunettes. Les orifices suintent aussi de cet étrange liquide bleu.
Christophe soupire, s’installe dans son lit, puis se penche sur le côté pour attraper deux prises reliées à une énorme machine, occupant une part gigantesque du mur de sa chambre, dont la façade est une véritable constellation de points lumineux, rouges, jaunes, verts, et des manettes rouges qui semblent devoir libérer une énergie électrique considérable. Il insère les prises dans son visage, actionne une manette et se met à hurler.

Chaque nuit, pour être Kristov, Christophe doit recharger ses lunettes et son karma. Sale boulot.

Mais cette nuit-là, un truc s’est pas passé comme prévu. Arrivé sur scène, Kristov était déjà un peu Christophe, tentant avec tout son cœur d’exprimer quelque chose de vrai : « Mon fils, ma bataille ». Malheureusement, il n’y a pas que sa voix qui est tendue comme un string, il fallait voir notre chanteuse barbue chanter qu’il défendrait son fils avec ses tout petits « poings » pour mesurer, c’est mon avis, un manque de force incroyable. Pourquoi ? Parce que Kristov n’existe pas… L’artiste souffre, c’est à ça qu’on le reconnaît. Je suis allé sur son MysSpace où l’on peut écouter quelques chansons « hors-prime », et aucun doute : ce type a du talent. Vraiment. Je me réjouis qu’on l’ait repêché au début et j’espère qu’il va persévérer dans la voie ouverte par cette chanson plus « personnelle », ouverte lors du dernier prime.

J’ai le sentiment que, derrière des prestations surjouées pour cause d’angoisse, et molles par manque d’identité, Christophe pourrait devenir un chanteur de talent, torturé sans doute, mais il vaut mieux être torturé par soi-même, que par… Je ne m’aventurerais dans sa vie privée. Disons simplement qu’une question se pose : « L’enfant qui le préoccupe tant, est-ce l’enfant de Kristov ou de Christophe ? »

Je ne parlerais ni d’Icare, dont la fausseté le pousse à chanter faux une note sur deux une chanson magnifique, ni de Sian, toujours aussi chiant.

Thomas : « Sexuality »

Sebastien_Tellier_Sexuality

Dis-moi ce que tu penses
De ma vie, de mon adolescence
Dis-moi ce que tu penses
Moi j’aime aussi, l’amour et la violence

La vraie révélation de cette soirée : Thomas ! Un maître mot : la sensualité. Comment expliquer ce changement ? Comment expliquer que ce chanteur timoré, cantonné dans une imitation au limite de la singerie dans les précédents prime, ait enfin trouvé son style propre dans des déhanchements qui ne le sont pas vraiment… propres.
Vous êtes libres de ne pas rejoindre les affabulations qui vont suivre : Thomas s’est affranchi d’une mode doublement castratrice. Non seulement l’imitation l’empêchait de s’exprimer, mais la mode était… à l’effacement sexuel. Le carcan a littéralement implosé ! Bravo Thomas ! Un coup de butoir en prime time, je dis chapeau.

 

Alors Jules, regardez bien sa tronche, c’est un personnage tout droit sorti de Dragon Ball Z ! On dirait Sangohan… D’ailleurs, ça n’est pas son seul point de ressemblance avec les mangas club-dorothé : il chante tout de la même façon !

 

Benjamin ? Bien que je sois profondément exaspéré par l’engouement qu’il suscite par sa belle gueule, j’ai été séduit par ce « sens du rythme » dont il a fait montre. A suivre.

 

Pour Amandine, rien à dire, si ce n’est que c’est dégueulasse d’avoir une voix aussi géniale. Non sérieux, ça dégoûte.

 

Conclusion de cette chronique :
Être la « Nouvelle star », c’est tout un... art. Pas trop sacrifier, pas trop se sacrifier.
Regarder la « Nouvelle star », c’est tout un... art (le mot est pratique, je l'admets). Regarder de jeunes artistes au prise avec leurs sacrifices. C'est bien beau.


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Commentaires
I
Ils ont viré un des meileurs. Qui perd son âme ?
C
Artistique, mais aussi sociologique, psychologique et drolatique.<br /> Mais tuparles mieux que moi de la Nouvelle star, alors continue, et sur d'utres sujets aussi.
Q
Youpi
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